La Journée Mondiale de la Culture Africaine et afro-descendante (JMCA) a été instituée en 2019 par la 40ème session de la conférence générale de l’Unesco, sur la base d’un projet de résolution introduite par le Togo. C’est une occasion de célébration de la contribution des arts et de la cultures noirs à la richesse de l’humanité, et un instrument de leur promotion comme un levier efficace au service du développement durable, du dialogue et de la paix. Cette année la JMCA sera célébrée le 23 Janvier à l’UNESCO. Radio Kara s’intéresse à l’évènement et pour mieux connaitre et comprendre la JMCA, Monsieur AZILAN Koffi Charles, Chargé d’Affaires a.i du Togo auprès de l’UNESCO et de l’OIF a accepté répondre à nos questions au micro de Emile PAMAZI.
Emile PAMAZI : La Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afro descendante (JMCA) est célébrée le 23 janvier à l’UNESCO à Paris suite à la présentation par le Togo d’un projet de résolution en 2019. Les africains et afro descendants du monde entier se préparent à la 5ème édition de cette journée prévue évidemment en janvier prochain. Quelle est l’importance de cette célébration ?
AZILAN Koffi Charles : La 5ème édition de la Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afro descendante (JMCA) se veut une occasion de célébration de la contribution des arts et cultures noirs à la richesse de l’humanité, et un instrument de leur promotion comme un levier efficace au service du développement durable, du dialogue et de la paix. Depuis qu’elle a été instituée, ce sera la première fois que cette journée elle sera commémorée à l’UNESCO. Officiellement, c’est le 24 janvier de chaque année qui a été institué comme Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afro descendante par l’UNESCO. Mais pour des raisons de programmation, la journée sera célébrée cette année le 23 janvier autour du thème : « L’africanité globale pour une humanité réconciliée ». Ce sera l’occasion pour le Togo et les autres parties prenantes de promouvoir les contributions des Africains et des Afro descendants à l’évolution du monde. Cependant, l’africanité ne se limite pas à l’aire géographique du continent africain car la culture africaine, par le jeu des péripéties de l’histoire, s’est propagée partout dans le monde. Pour cela, les organisateurs ont jugé nécessaire d’impliquer toutes les régions du monde afin de mettre en exergue les éléments d’interculturalité entre l’Afrique et l’Amérique latine, les Caraïbes, le Pacifique, etc…
L’objectif de cette journée est de « Célébrer les cultures du continent africain et des diasporas africaines à travers le monde ». Elle permettra également de mobiliser et sensibiliser la diaspora africaine et les afro descendants sur le renouveau du panafricanisme et les valeurs de la culture africaine porteuses de paix, de célébrer la culture en tant que lieu de rencontres et ciment de la fraternelle universelle.
Emile PAMAZI : Veuillez revenir davantage sur l’historique de cette journée ; comment eston parvenu à son institution ?
AZILAN Koffi Charles : La JMCA est née d’une initiative de l’ONG RAPEC avec en chef de projet, son Président fondateur, Monsieur John Ayité DOSSAVI qui a lancé une grande mobilisation en 2014 en Belgique et à Beyrouth afin de susciter une grande adhésion des acteurs de la diaspora africaine et afro descendante à l’idée d’une JMCA.
En 2016, le lancement officiel de la JMCA eu lieu à Lomé au Togo, avec le soutien des autorités togolaises et une forte mobilisation des chefs traditionnels du continent africain. Puis vint l’année 2019 où, sur la base d’un projet de résolution porté par le Togo, l’ensemble des Etats membres de l’UNESCO, lors de la 40ème session de sa Conférence générale, proclama le 24 janvier comme la Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afro descendante ; une date hautement symbolique, car elle coïncide avec l’adoption en 2006, par les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine, de la Charte de la renaissance culturelle africaine.
Malheureusement, peu de temps après cette décision, survint la crise du COVID-19 avec son lot de restrictions qui n’ont pas permis de promouvoir la journée. 2024 sera donc la 1ère grande manifestation officielle à l’UNESCO. Des célébrations ont, certes, été faites au fil des années ici et là, grâce principalement aux organisations de la société civile, soutenues quelques fois par des Etats. Par exemple, le Premier ministre du Canada publie un message chaque année à cette date, de même que la Directrice générale de l’UNESCO. En 2023, le Ministre de l’enseignement secondaire du Cameroun a demandé que le personnel et les élèves de l’école secondaires de toute la région du Littoral portent une tenue traditionnelle pour marquer cette journée du 24 janvier. En 2022, la République Démocratique du Congo a organisé à cette occasion plusieurs activités, appuyées par une allocution de S.E.M. Félix TSHISEKEDI, Président de la République et Président en exercice de l’Union Africaine (UA). En 2023, le Royaume du Maroc a commémoré la JMCA à Rabat à travers plusieurs activités qui ont vu la participation des plus hautes autorités du pays.
Emile PAMAZI : En quoi le rôle du Togo a été déterminant dans le processus qui a conduit à l’institution de cette journée ?
AZILAN Koffi Charles : D’abord parce que le projet a été initié par un Togolais. Ensuite, parce qu’il rentre dans la droite ligne de la nouvelle orientation de la diplomatie togolaise qui vise à dynamiser le processus de développement du continent par une implication des diasporas africaines, qu’elles soient nouvelles ou anciennes. C’est conformément à cette nouvelle vision définie par le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, que le Togo a initié un projet qui a conduit la 34ème session de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement à décréter la période 2021-2031 « Décennie des racines et des diasporas africaines ».
C’est toujours dans cette dynamique que notre pays accueille cette année 2024 le 9ème Congrès panafricain.
Emile PAMAZI : Veuillez nous parle du centre d’intérêt et des activités au programme de la 5ème édition.
AZILAN Koffi Charles : Les activités de la JMCA 2024 se dérouleront en deux étapes :
La première étape va consister en une cérémonie solennelle faite de discours officiels, dont ceux de la Directrice générale de l’UNESCO et du Ministre des Affaires étrangères du Togo, et d’un panel de haut niveau qui va débattre du thème.
La deuxième étape est jouissive. Il s’agit d’un cocktail dinatoire appelé « diversité culinaire afro » qui met en valeur la variété des plaisirs de bouches afro, avec des animations culturelles proposées par les diasporas africaines et afro descendantes. Les pays participants qui le souhaitent vont en effet proposer à la dégustation leurs plats et boissons nationaux.
Emile PAMAZI : Qui sont les acteurs impliqués et les potentiels participants à la manifestation ?
AZILAN Koffi Charles : Les acteurs impliqués sont bien évidemment :
- Le Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’extérieur à travers la Délégation permanente du Togo auprès de l’UNESCO ;
- Le Secrétariat général de l’UNESCO ;
- Les Délégations permanentes du Groupe Afrique de l’UNESCO
- Les Délégations permanentes du Groupe Amérique Latine
- Les Délégations permanentes des autres groupes électoraux à l’UNESCO Le RAPEC et son réseau d’OSC et
- Les diasporas.
Emile PAMAZI : Quelle doit être la contribution de chacun de ces acteurs ?
AZILAN Koffi Charles : La Délégation permanente du Togo auprès de l’UNESCO assure naturellement la coordination de l’organisation avec le RAPEC. On note une forte implication du Groupe Afrique de l’UNESCO et du Groupe de l’Amérique latine et des Caraïbes. Toutes les Délégations permanentes sont associées à l’événement. Certaines ont proposé des artistes et groupes musicaux, d’autres tiendront des tables pour exposer leurs arts culinaires, d’autres encore ont proposé des panélistes, etc. Chacun a mis la main à la tâche. Le Secrétariat de l’UNESCO apporte son appui technique.
Emile PAMAZI : Quelle est la responsabilité du Togo dans l’organisation de cette journée ?
AZILAN Koffi Charles :La Délégation Permanente du Togo est l’organisateur de l’évènement. Elle communique, sensibilise et lance un appel à la diaspora africaine, togolaise et toutes les parties prenantes à promouvoir la JMCA.
Emile PAMAZI : Qu’attendez vous des Togolais en particulier et des Africains en général, qu’ils soient en Afrique ou de la diaspora ?
AZILAN Koffi Charles :Le Togo attend une forte mobilisation et participation active de la diaspora africaine, togolaise et des afro descendants.
Emile PAMAZI : Un message pour terminer.
AZILAN Koffi Charles : Nous invitons toutes la diaspora togolaise, africaine, tous les acteurs et les médias à se mobiliser pour la réussite de la JMCA. Chaque Africains et Afro descendante a un rôle à jouer pour l’avènement de l’Afrique que nous voulons.
Je vous remercie.